Le buveur ruminal – il y en a un dans chaque troupeau

header_calf_winter Les troubles digestifs et métaboliques font partie des nombreux défis d’élevage de veaux en pré sevrage. La maladie du buveur ruminal se produit lorsque le lait est ingéré dans le rumen en grande quantité. Cette dernière est liée à une diminution du taux de passage, à la réduction de la digestion et de l’absorption des nutriments, et à des fonctions métaboliques et endocriniennes anormales, générant d’importants troubles digestifs et métaboliques.

Qu’est-ce qu’un buveur ruminal?

La maladie du buveur runimal est causée lors d’une formation inadéquate ou incomplète de la gouttière oesophagienne. Le réflexe de fermeture de la gouttière oesophagienne partiel ou non fonctionnel fait en sorte que de grands volumes de lait se dirigent vers le rumen au lieu de la caillette (abomassum). Le lait qui stagne dans le rumen pendant une certaine période de temps subit une fermentation bactérienne produisant du lactate et d’autres acides gras volatils. Ceci mène à l’acidose du rumen (Herrli-Gygi, Steiner, 2008 et coll.). La vitesse de passage est également ralentie lorsque le lait est dévié vers le rumen, où il est métabolisé partiellement alors que la digestion efficace du lait se fait normalement dans la caillette. Les acides gras volatils produits quand le lait se trouve dans le rumen inhibent la formation de caillé dans la caillette; ralentissant le passage du bol alimentaire de la caillette vers le duodénum (Herrli-Gygi, Steiner, et coll., 2008). Dans les cas chroniques, ces changements digestifs entraînent des dommages physiologiques sous forme de dyskératose ruminale, d’atrophie villeuse de l’intestin et de déficiences enzymatiques dans la bordure en brosse (Herrli-Gygi, Hammon, et coll., 2006). Endocrinologiquement, le veau atteint de la maladie du buveur ruminal aura des concentrations sanguines post alimentation plus faible de glucose, d’insuline, du facteur de croissance de type insuline 1 (IGF-1; une hormone de croissance importante) et d’hormones thyroïdiennes T3 et T4 et des concentrations d’urée dans le sang plus élevées que les veaux sains. Ces concentrations endocriniennes et métaboliques sanguines conduisent souvent à une balance énergétique corporelle négative (Herrli-Gygi, Hammon, et coll., 2006). Les combinaisons de la vitesse de passage lent du produit de la digestion et de ces altérations physiologiques et endocrinologiques conduisent à une mauvaise digestion et à une mauvaise absorption des nutriments (Herrli-Gygi, Steiner, et coll., 2008).

Comment identifier un buveur ruminal?

Il a fort à parier qu’il y a au moins un buveur ruminal dans votre troupeau. Des moyens simples vous permettront de les identifier. Évaluez l’apparence générale des veaux. Testez la force de leur réflexe de succion. Les buveurs ruminaux ont tendance à être moins conditionnés et déshydratés. D’un point de vu comportemental, les veaux atteints peuvent sembler légèrement déprimés, ils auront le dos voûté lorsqu’en position debout et démontreront un faible appétit et peu de réflexes de succion. Ce faible réflexe de succion pourrait être un indicateur de la formation inadéquate ou incomplète de la gouttière oesophagienne qui est stimulée lorsque le veau tète. Cliniquement, les buveurs ruminaux ont des épisodes de ballonnement récurrents, des fumiers de couleur gris, des pertes de poils et ont tendance à avoir une mauvaise coordination et des réflexes lents. La couleur grise argileuse du fumier est un bon indicateur du buveur ruminal, car il est le résultat d’acides gras qui s’accumulent dans la région distale du tractus gastro-intestinal, plutôt que d’être digérés et absorbés dans l’intestin grêle (Herrli-Gygi, Steiner, et coll., 2008). La fermentation bactérienne du lait dans le rumen empêche la dégradation des acides gras dans la caillette, ce qui limite la digestion et l’absorption dans l’intestin grêle. Un autre indicateur du buveur ruminal est la présence de son d’éclabousse au côté gauche de l’abdomen deux heures ou plus après l’alimentation, témoignant la présence de lait restant dans le rumen.

Comment guérir et prévenir la maladie du buveur ruminal

Le réflexe de succion renforce la gouttière oesophagienne. L’alimentation du veau avec une tétine stimule le réflexe de succion, ce qui peut aider à prévenir le buveur ruminal chez les veaux. Il existe plusieurs façons de modifier votre régie alimentaire pour faciliter l’alimentation avec les tétines. En effet, différentes tétines légères sont faciles à mettre en place pour les veaux alimentés à l’aide de seaux. Les distributeurs automatiques fonctionnent aussi très bien pour l’alimentation des veaux groupés en enclos, alors que les bouteilles ou les seaux munis de tétines sont efficaces pour l’alimentation des veaux logés individuellement. La température et le goût du lait influencent aussi largement la formation de la gouttière oesophagienne. Le lait de remplacement devrait être servi à 39 °C (102,2 °F) et mélangé selon l’étiquette (150 g/l) pour maximiser le réflexe de fermeture de la gouttière oesophagienne. Servir de plus petites portions plus fréquemment améliorera la vitesse de passage et la digestion. En servant au buveur ruminal de plus petits repas, on réduira le volume de lait pénétrant dans le rumen. Le lait y restera moins longtemps dans le rumen ce qui limitera par le fait même la fermentation bactérienne. Une réadaptation physiologique et endocrinologique complète de même qu’une récupération de l’équilibre énergétique sont possibles dans un minimum de 10 jours si les premiers symptômes du buveur ruminal sont détectés rapidement. emily Emily De Benetti Grober Nutrition Coordonnatrice de Projets

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